Si le secteur de la restauration a longtemps été dominé par les hommes, la tendance s’inverse peu à peu et voit nombre de femmes s’imposer dans le métier. Découvrez le portrait de deux restauratrices aussi courageuses qu’inspirantes.
Les femmes dans la gastronomie française à l’honneur : au-delà des étoiles michelin
La gastronomie française, renommée à travers le monde pour sa richesse culinaire, est également le terrain de jeu de femmes talentueuses et innovantes. Parmi elles, une trentaine a déjà conquis une ou plusieurs étoiles Michelin, témoignant ainsi de leur excellence dans un domaine historiquement dominé par les hommes.
En 2023, les femmes comptent pour 47 % des employés de l’industrie alimentaire en France. Cependant, cette moyenne cache des écarts significatifs entre les métiers. Dans le service en salle, la proportion est de 4 femmes pour 8 hommes, tandis qu’en cuisine, elles ne représentent que 3 contre 14 hommes. Ces chiffres soulignent les défis persistants auxquels les femmes sont confrontées pour obtenir une reconnaissance équitable et atteindre la parité dans le secteur de la gastronomie. Et quand on cherche à en apprendre plus, derrière ces défis et potentielles étoiles Michelin se cachent des parcours inspirants. Qui sont ces femmes ? Nous avons souhaité mettre deux d’entre elles en avant.
A l’honneur aujourd’hui, Véronique Bras et Amandine Carrette, qui ont souhaité s’exprimer sur le sujet de la place des femmes dans la restauration.
À la rencontre de Véronique Bras : engagée pour l’égalité dans la cuisine
Véronique Bras, restauratrice et directrice de l’association solidaire « LIENS », incarne la détermination et l’engagement des femmes dans la gastronomie.
Diplômée d’un DESS (Master 2) en Industries du Tourisme et de l’Hôtellerie, à l’ISHTIA de Toulouse et ayant eu plusieurs expériences professionnelles à l’étranger (Munich, Londres, Buenos Aires), Véronique fait aujourd’hui partie des femmes françaises engagées travaillant dans le domaine de la restauration, notamment avec son association solidaire.
« Je suis Véronique Bras, restauratrice au sein de l’établissement familial « hôtel-restaurant gastronomique Le Suquet » à Laguiole, à la tête de l’entreprise avec mon mari. Depuis quelques années, je suis Directrice de l’association solidaire « LIENS » qui œuvre pour une alimentation durable pour toutes et tous, avec un restaurant d’insertion et des ateliers et évènements. Je dois préciser que nous sommes une majorité de femmes au sein de l’équipe de LIENS et avons beaucoup de plaisir à travailler ensemble ! »
– Véronique Bras, restauratrice et gérante de l’établissement gastronomique Le Suquet
Crédit photo : Lola Cros / Finta! le podcast
Son témoignage résonne comme un appel à l’égalité des chances et à la reconnaissance du talent, indépendamment du genre.
Amandine Carrette : optimiste passionnée par son métier
Amandine Carrette, co-propriétaire de l’hôtel-restaurant « Aux Terrasses », à Tournus, avec 20 chambres classées en 4*, et une Etoile au Guide Michelin ainsi qu’une Etoile verte. Elle partage : « Pour moi, la clé du succès réside dans la capacité à s’adapter et à évoluer constamment. » Ce discours est empreint de résilience et nous rappelle qu’une remise en question continue est essentielle pour toujours chercher à s’améliorer.
Après un bac scientifique, Amandine a intégré une école d’ingénieur agro-alimentaire, l’ISARA à Lyon, travaillant en parallèle dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Elle se passionne pour le domaine et à la fin de ses études, elle rencontre Jean-Michel, son mari et co-propriétaire de l’établissement.
« Je m’appelle Amandine Carrette, nous sommes propriétaires avec mon mari de l’hôtel restaurant Aux terrasses à Tournus, avec 20 chambres classées en 4*, et une Etoile au Guide Michelin ainsi qu’une Etoile verte. Nous sommes complémentaires : Jean-Michel est Chef de cuisine, et de mon côté je m’occupe de la salle, de l’hôtel et de tout l’administratif. »
– Amandine Carrette, propriétaire et gérante de l’établissement Aux terrasses
Crédit photo : Stéphanie Biteau
L’égalité dans la gastronomie, un moteur pour le secteur
Comme le souligne Véronique Bras, la route vers l’égalité est encore longue, mais chaque petit pas compte. Il est crucial de soutenir et de promouvoir les femmes dans tous les aspects de ce métier exigeant. Cette quête d’égalité, de reconnaissance et de respect est le moteur d’une évolution constante et nécessaire dans l’industrie de la restauration.
De nos jours, seuls 17 % des chefs cuisiniers sont des femmes, une proportion que Véronique Bras estime encore trop faible malgré les avancées observées. En tant que restauratrice et fervente promotrice de l’égalité des sexes dans l’industrie, elle déplore cette lente progression vers une représentation plus équilibrée des femmes dans les métiers de la cuisine. Parallèlement, nous pouvons constater avec satisfaction que dans le service en salle, la proportion de femmes semble égaler celle des hommes. Cette égalité de genre dans ce domaine témoigne d’une évolution positive, bien que des efforts supplémentaires soient toujours nécessaires pour combler le fossé persistant dans le secteur de la cuisine.
Une profession compatible avec la famille
Amandine Carrette nous témoigne de son expérience personnelle en expliquant que ses deux plus proches collaboratrices sont des femmes qui possèdent des horaires aménagés en continu la journée car elles sont mamans, ce qui ne les empêchent pas d’être ultra-performantes et investies dans l’entreprise. Elle fait notamment le parallèle avec le maître d’hôtel, qui quant à lui est papa et dispose de ses mercredis jusqu’à 18h pour être avec ses jeunes enfants. Elle prend ces deux exemples pour nous expliquer qu’elle n’a jamais géré son équipe en fonction du sexe de chacun, elle essaie simplement de toujours concilier au mieux les besoins de ses collaborateurs avec les impératifs de l’entreprise.
Quel avenir pour la gastronomie féminine ?
La gastronomie au féminin se distingue par son engagement en faveur de l’innovation et de la durabilité. Aujourd’hui, nous avons la responsabilité de préserver et de promouvoir notre patrimoine culinaire tout en adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement. C’est un défi passionnant et essentiel pour l’avenir de ce métier. A travers leurs actions et leurs initiatives, les femmes de la gastronomie tracent la voie vers un avenir plus conscient et plus responsable.
Amandine Carrette s’est notamment exprimée sur sa sensibilité environnementale, qui l’a conduit, avec son mari, à mener des projets dans une démarche de développement durable. Comme de nombreuses personnes, depuis le confinement elle a eu une véritable prise de conscience sur l’urgence d’agir et depuis, nous confie avoir encore plus à cœur de modifier et d’améliorer ses pratiques quotidiennes pour essayer d’harmoniser au mieux son activité avec les enjeux environnementaux. “Ce qui n’est pas évident aux premiers abords, notre secteur dépendant fortement des énergies fossiles, que ce soit pour acheminer nos clients jusqu’à nous, ou faire tourner nos établissements au quotidien.” ajoute-t-elle.
Vaincre les clichés
« Une expression trop souvent utilisée et qui justement ne représente aucune d’entre nous, je trouve ; « Femme de Chef ».
Je déteste ce terme réducteur trop souvent employé pour parler des femmes travaillant avec leur conjoint dans la restauration. Nous sommes fières d’être les femmes de nos maris, mais ce n’est en aucun cas ce qui nous définit professionnellement : nous sommes co-gérantes, associées, entrepreneuses, directrice de salle, d’hôtel, comptable, responsable administrative… un peu de ça ou tout ça à la fois, mais nous avons des compétences autres que celles de soutenir et supporter nos chefs au quotidien. »
– Amandine Carrette, propriétaire et gérante de l’établissement Aux terrasses
Crédit photo : Stéphanie Biteau
Effectivement, le monde de l’hôtellerie/restauration n’est plus la caricature profondément ancrée dans l’imaginaire collectif d’un métier dur, sexiste, où les employés se font systématiquement exploiter par leurs patrons. Ces pratiques condamnables d’un temps révolu portent préjudice aujourd’hui mais les choses ont bien changé avec notre génération, et encore plus depuis la pandémie du Covid-19. Les conditions de travail ont évolué, en partie aussi grâce aux outils informatiques comme Guestonline qui peuvent permettre de gagner un temps précieux.
La pénurie de personnel fait que de très belles opportunités peuvent être rapidement offertes aux bons profils. Les « patrons » d’aujourd’hui font plus d’heures que leurs salariés, et ont surtout un objectif : avoir des équipes stables et épanouies. Travailler en restauration n’est pas incompatible avec une vie de famille, c’est juste une organisation différente, mais au même titre que pour une femme travaillant dans un hôpital.
Vers une gastronomie inclusive et durable
En conclusion, le secteur de l’hôtellerie-restauration est en pleine transformation. A l’origine majoritairement masculin, il tend désormais à s’ouvrir aux femmes. Ces dernières sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au domaine, que ce soit dans les métiers de la salle ou de la cuisine. A travers leurs voix, nous sommes témoins des nombreux défis auxquels elles ont été et sont parfois toujours confrontées. Une évolution prometteuse de dessine vers une gastronomie plus inclusive, équitable et durable. En célébrant leurs réussites et en soutenant leurs parcours, nous contribuons à façonner un avenir où tous les talents sont reconnus et valorisés, indépendamment de leur genre.
Pour en apprendre plus sur l’association solidaire « LIENS » de Véronique Bras, qui œuvre pour une alimentation durable pour toutes et tous, découvrez sa vidéo de présentation :
Les témoignages captivants de Véronique Bras et Amandine Carrette nous ont plongé dans leur univers, et nous a rappelé que malgré les défis qui persistent, la gastronomie n’a pas de genre, seulement des talents à célébrer. En soutenant ces femmes inspirantes et en valorisant leur talent, nous contribuons à façonner un monde gastronomique plus juste et plus inclusif pour tous.